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Publié par Jul Miette le 27 mai 2018
La décision était attendue depuis des mois, le couperet est tombé : la Commission européenne a obtenu la majorité qualifiée pour que le glyphosate soit autorisé cinq ans de plus... jusqu'en 2022. La déception et la colère des ONG de défense de l'environnement et de notre santé est très importante.
Cette journée était cruciale pour l'avenir de l'herbicide le plus vendu au monde. A priori, la mobilisation de la société civile et la pression médiatique devaient faire pencher la balance pour une sortie du glyphosate, cet herbicide notamment présent dans le Roundup et fabriqué par Monsanto. En France, près de 8 personnes sur 10 réclamaient une interdiction immédiate du glyphosate.
"Tout convergeait vers une interdiction : la pression des citoyens qui réclamaient la sortie du glyphosate, de nombreuses organisations dont des associations d'anciens agriculteurs malades, des députés français et européens, le scandale des Monsanto papers, la polémique autour de l'évaluation scientifique… Cela n'aura pas suffi" s'indignent Générations Futures, Foodwatch et la Ligue contre le cancer. Il y a effectivement un fossé, qui s'est encore un peu plus creusé, entre les aspirations des peuples à vivre en bonne santé et les décisions politiques.
Les trois ONG ajoutent : "Les arguments ne manquaient pas pour faire interdire le glyphosate sans attendre. Il a été classé parmi les cancérigènes probables chez l'homme en mars 2015 par le Centre international de recherche sur le cancer, une agence de l'Organisation mondiale de la santé. En accordant un sursis supplémentaire à Monsanto, Bayer et compagnie, la Commission européenne balaie le principe de précaution et la santé du revers de la main, de même que la voix des millions de citoyens qui ne veulent plus de l'herbicide le plus controversé de la planète". Seul bémol, et de taille, l'EFSA (agence européenne de sécurité des aliments) ne considère pas le glyphosate comme cancérigène.
C'est le revirement de l'Allemagne qui a fait basculé le vote en faveur du renouvellement de l'autorisation du glyphosate.
Pour Michèle RIVASI (députée européenne écologiste et biologiste), ce "vote sur le renouvellement de l'autorisation de commercialisation du glyphosate ce jour pour 5 ans est un échec retentissant". La député accuse : "cette scandaleuse saga du glyphosate démontre la faillite de l'évaluation au niveau des agences européennes (...) Notre ambition est de revoir l'expertise scientifique au niveau des agences sanitaires en exigeant des méthodes d'expertise bien définies, la crédibilité des données prises en compte, le libre accès aux résultats des études industrielles (trop souvent et abusivement protégées par le seau du secret des affaires) et l'indépendance des experts recrutés (en purgeant tout ceux ayant des conflits d'intérêts)."
Pour Carmen Etcheverry, chargée de mission chez France Nature Environnement, "cette proposition de la Commission européenne n’apporte rien de plus qu’une simple prolongation de l’autorisation et c’est intolérable. Il n’y aura donc pas de plan d’accompagnement des agriculteurs pour sortir de leur dépendance au glyphosate. Les cinq ans s’écouleront et nous n’aurons toujours pas d’alternatives à proposer à notre agriculture".
En France, la balle est dans le camp du gouvernement qui "doit maintenant mener le pays vers une sortie du glyphosate, en accompagnant les agriculteurs, comme il s'y est engagé et ce, indépendamment du verdict de la Commission européenne" soulignent Générations Futures, Foodwatch et la Ligue contre le cancer.
En effet, la secrétaire d’État Brune Poirson avait promis que la France sortirait du glyphosate avant 5 ans quel que soit le vote. Un engagement que semble vouloir tenir le président français qui a annoncé, à l'issu du vote de la Commission Européenne, que le glyphosate serait interdit "au plus tard" dans trois ans en France, le temps de mettre en place "des alternatives". Reste à savoir quelles alternatives seront proposées et si il ne s'agira pas seulement de remplacer un pesticide par un autre.
Et pourtant, une nouvelle fois, le sempiternel adage "les promesses n'engagent que ceux qui y croient" se vérifie : le projet de Loi Agriculture et Alimentation (loi issue des Etats Généraux de l’Alimentation) débattu à l’Assemblée nationale du 22 au 29 mai 2018 s'est vu retirer la proposition d’amendement pour interdire le glyphosate du rapporteur de la Loi, M. Moreau...Autrement dit, la France suivra l'Union Européenne, qu'importe ce qu'en pensent les citoyens français et les conséquences sur l'environnement et la biodiversité.
Nature et Zen
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